Mathilde Lecoq

La peur de l’infini


La consigne de ce projet impliquait de représenter la peur en noir et blanc,
en 12 boucles format carré. J’ai choisi d’explorer le concept de l’infini.

   

    Profondément perturbée, effrayée et presque fascinée par le concept de l’infini, qui me procure toujours un sentiment de malaise, parfois dans des situations de tous les jours comme lors de la fermeture des portes du métro parisien, quand retentis le signal sonore qui n’en finit pas, les escaliers de la station Abbesses dont on ne voit pas la fin, ou simplement le sentiment écrasant et angoissant de notre univers.
    Si le concept de l’infini est effrayant d’une part en tant que tel, on le retrouve aussi dans beaucoup d’autres peurs comme la douleur physique, la solitude, la perte d’un proche, la mort, etc.,  qui nous effraient dans ce qu’elles ont de définitif et donc d’infini. Si quelqu’un part, on a peur qu’il parte pour toujours, si on a mal, on a peur de plus jamais ne plus avoir mal...
    Par ailleurs, ce concept s'applique particulièrement bien au sujet puisque le fait même que l’animation boucle en fait à un objet infini.
    En me replongeant dans l’enfance, j’ai repensé à certains motifs ou mouvements qui m’obsédaient dans ce qu’ils avaient d’infini, dont un qui m’a particulièrement marquée : windows media player sur l’ordinateur parental, et ses motifs psychédéliques, ou ceux qui apparaissent en appuyant très fort sur ses yeux.
À partir de mes réflexions j’ai sélectionné des motifs et/ou des concepts qui évoquent l’infini, comme l’horizon, l’espace, deux miroirs l’un en face de l’autre, Dans mon traitement graphique, j’ai cherché l’efficacité et la simplicité, en utilisant le noir et blanc dans son pouvoir tranchant. En effet, le noir et le blanc permettent un rapport de contraste maximum et donc des motifs impactants, visibles, qui favorisent l’usage d’éléments graphiques épurés tels que la ligne, pour incarner le mouvement, comme une onde, qui se déplace de manière linéaire et uniforme. Ou encore des aplats de noir pour figurer le vide, et le cercle, infini par définition.
    Enfin, concernant le traitement sonore, j’ai opté pour un sound design linéaire et désagréable. Très dérangée par les bruits continus ou répétitifs, et l’idée du son qui pourrait ne jamais s’arréter (comme le signal sonore du métro parisien), je pense que leur caractère monocorde sans variations évoque aussi l’inertie relative à l’infini. J’ai par la suite ajouté un son supplémentaire propre à chaque animation, supposé évoquer et appuyer le sentiment représenté.