Mathilde Lecoq
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Nuit blanche (suis le ruban rouge)  
-Projet éditorial

Réinterprétation d’un conte russe : déplier le récit, découvrir le décor.


Dans une plaine à l’infini
Tout était blanc absolument,
Les neiges recouvraient la plaine
Depuis l’origine des temps.

Au milieu de la blanche plaine
Se dressait un palais tout blanc :
Toiture et murs, portes de glace
Et grand perron de marbre blanc.

A l’intérieur tous les plafonds
Et le sol allaient blanchissant :
Plein de chambres, de salles blanches
Et d’escaliers étincelants.





Là, dans la plus blanche des salles,
Calme et sans souci, tel un loir,
Sur le plus blanc des édredons
Dormait un chat - un chat tout noir.

Plus noir que l’aile d’un corbeau,
De la queue jusqu’au fond du coeur,
Noir par dessus, noir par dessous,
Plus noir encore que la noirceur !


Conte russe de Boris Zakhoder,
tiré de Anthologie de la poésie russe pour enfants, Circé, 2000.
Traduit du russe par Henri Abril.

    Pour ce projet de création graphique consistant à  imaginer et concevoir la mise en page et les illustrations d’un livre pour enfant, j’ai choisi un conte russe de Boris Zakhoder. Mon choix s’est porté sur ce récit car j’ai été séduite et inspirée par le(s) décor(s) décrits et par la dichotomie blanc/noir amenée à la fin, et un peu par la présence d’un chat noir.

    Après de nombreuses expérimentations et test de l’illustration, l’idée me vient de produire une unique illustration grande et pleine de détails afin de repenser la linéarité d’un récit et en particulier de l’illustration. Comment illustrer les différentes strates du récit en un dessin ? C’est en suivant cette interrogation que j’ai pensée à une forme moins conventionelle, qui permettraient aux éléments de coexister comme une sorte de carte mentale de ce qui se dessine dans l’esprit du lecteur au fur et à mesure qu’il parcourt le récit.

    Cette forme de mandala permet également d’avoir une image finale qui se détache de sa fonction de récit et peut tout à fait se regarder indépendamment de sa lecture.

    L’idée de déplier vient  également faire écho à cette idée de construction de l’image mentale à travers la lecture du conte, puisqu’au fur et à mesure du dépliage viennent s’ajouter visuellement les nouvelles descriptions.

    Cette forme modulable permet au lecteur d’intéragir avec l’édition que ce soit en la faisant rotater pour lire ou en la dépliant pour découvrir la suite du récit ou du décor, ou simplement en en observant les nombreux détails.